Chaque épisode de Musiques en Série, coproduction du Lycée Paul Eluard et du Conservatoire de Saint-Denis, s'intéresse à une œuvre en particulier, pour en proposer des clés d'écoute.

Pourquoi des clés d'écoute ? Écouter, n'est-ce pas ce qu'on fait le mieux, depuis toujours ? Et la musique est certainement l'art le plus présent dans notre quotidien, associée aux lieux et aux déplacements.

Mais si la présence de la musique relève d'une certaine évidence, il est intéressant de questionner la musique en elle-même, et notre relation à la musique !

Consciemment ou non, écouter une musique, choisir de l'écouter, parler de cette musique, échanger à son sujet, l'interpréter, voire la pratiquer, tout cela participe à la construction d'une personnalité, d'une identité. Parce que la musique est un art, donc résonne avec ce qu'il y a de plus complexe en l'humain et donne lieu aux interprétations les plus subjectives.

Interpréter l'œuvre, c'est-à-dire lui donner un sens : le chef d'orchestre Pierre Boulez dit d'une œuvre qu'elle est «éternellement porteuse de vérités nouvelles, déchiffrables suivant l'époque, le lieu et la circonstance ».

Écouter une musique est donc bien une action, et non une contemplation passive, ni une activité inconsciente, parallèlement à une autre ; une action qui apporte, enrichie, participe à la construction de la personnalité...

D'un autre côté, toute œuvre est liée à un contexte : à l'histoire, l'époque, le lieu, la culture qui l'ont vu naître. Le 21e siècle a une conscience aiguë de l'histoire, mais aussi et surtout de la multiplicité des histoires et des cultures.

Et Internet nous donne accès à de très nombreuses cultures et histoires, notamment par l'intermédiaire de leurs musiques.

Ainsi, l'écoute active dont nous avons parlé plus haut demande de connaître un minimum de références, de codes en usage dans ladite culture. C'est d'ailleurs, me semble-t-il, l'attitude que l'on adopte assez spontanément lorsqu'on rencontre quelqu'un, a fortiori s'il est de culture différente.

Et le plus important dans la (re)découverte des codes propres à chaque musique est peut-être la prise de conscience de la diversité des perceptions possibles, et même une compréhension du jugement de goût de chacun. Il y a peu de critères universaux, et le jugement de goût peut être indéniablement lié à des justifications tout aussi diverses que personnelles : raisons affectives, raisons techniques, raisons esthétiques (unité, complexité, etc.), raisons historiques, raisons fonctionnelles, raisons sociales, raisons de distinction... Ecouter par exemple la 5e Symphonie de Beethoven ne signifie pas que la musique classique est ce que vous préférez et caractérise le mieux votre personnalité, mais plutôt que vous êtes d'accord avec l'idée que la diversité musicale, à l'image de la diversité des cultures du monde, est une richesse pour chacun d'entre nous, et, dans ce cas précis, vous êtes aujourd'hui curieux d'écouter une œuvre créée au tout début du 19e siècle, à Vienne.

Concrètement, le tournage de chaque épisode est effectué lors de présentations publiques de l'œuvre, au Lycée Paul Eluard et au Conservatoire de Saint-Denis ; puis, une fois monté, l'épisode est accessible sur Internet.

Fabien CAILLETEAU, professeur de musique au conservatoire de Saint-Denis.

Episode 1 : juin 2010 : la cinquième symphonie de Beethoven - présentation au lycée par Fabien CAILLETEAU et générale à la basilique cathédrale de Saint-Denis.

Episode 2 : décembre 2010 : Le sacre du printemps d’Igor Stravinsky - spectacle : BALANCHINE / BROWN / BAUSCH - Opéra Garnier - présentation au lycée par Fabien CAILLETEAU

Episode 3 : avril 2011 : Sweeney Todd de Stephen Sondheim - présentation au lycée le 7 avril spectacle au Théâtre du Châtelet le 29 avril.

Episode 4 : juin 2011 : Les Te Deum de Carpentier et Lully - présentation au lycée le 31 mai, générale à la basilique cathédrale le 6 juin dans le cadre du Festival de Saint-Denis.